15 Novembre 1993. Seattle.

« Tu seras Haley. Haley Greysen Fields ». Ou comment une vie peu débuté, un magnifique quinze novembre pluvieux. Troisième enfants, Haley a deux frères plus âgés qu'elle. Déjà bébé, elle donnait du fil à retordre à ses parents. Si son biberon n'arriverait pas dans la minute, mademoiselle Fields se mettaient à hurler jusqu'à ce que son repas arrive dans son champ de vision. Ses parents riaient, en disant que ça lui passera. En grandissant, son petit caractère de cochon n'a fait que s'accentuer. En plus, elle était la petite dernière et c'était la seule fille. Ses deux frères l'a protégeaient de tout et de n'importe quoi, au point qu'un jour en ayant marre, Haley les avait mordu. Heureusement pour eux, la gamine commençait à faire ses petites dents, alors elle a eu plus mal qu'autre chose. Haley approchait de ses deux ans, quand la famille Fields s'agrandit. La petite soeur d'Haley vit le jour dans un immense mouvement de grève, qui secouait toute la région. La petit fille âgée de deux ans, voyait la naissance de sa soeur, comme un coup du sort. Elle ne serait plus la dernière, elle ne serait plus choyée. Ses parents allaient l'abandonner. Alors, le soir quand toute la famille rentra de la maternité, Haley partit dans sa chambre, préparé un baluchon. Elle y mit ce qu'une petit fille pensait normale dedans, c'est-à-dire quelques poupées, son doudou, et ses jouets préférés. Elle traîna sa petite valise au rez-de-chaussé, dans la cuisine très exactement, et se planta derrière son père, qui préparait le diner.

« Ze pars de la maizon ! »

Surpris d'entendre la voix de sa petite fille si triste, mais si déterminée, M. Fields se retourna et la regarda.

« - Mais … Enfin Haley, pourquoi ?
- Pa'ce que ave maman, vous m'aimez plus. »

La bambine fondit en larmes. Son père se précipita sur elle, et la rassura comme il put. Il berça durant de longues minutes, et même ses frères, alertés par les larmes, se joignirent au câlin. Les Fields rassurait la petite, en lui promettant qu'ils seraient toujours là, qu'ils l'aimeraient toujours, même si maintenant, il y avait le bébé et qu'il allait falloir s'en occuper.

15 novembre 2000. Seattle.

Haley a aujourd'hui sept ans. Ses parents voulaient faire une grande fête d'anniversaire, mais la gamine a refusé catégoriquement de faire une quelconque fête. Elle passerait son anniversaire avec son papa, sa maman, ses frères et sa petit soeur. Pas de personnes en plus, pas de personnes en moins. Elle ne voulait pas de jouets. Elle voulait des livres de grands. Oui, on peut ne pas savoir lire très bien, mais on peut vouloir des livres de « grands ». Haley avait été très clair. Pas ceux avec les images d'animaux dedans, et où c'était en gros. Non. Ceux que lisaient papa et maman. Malgré l'interdit, ses parents, et ses frères lui prirent des poupées, des jeux de dinettes, et tout un tas de jouets qui auraient pu faire rêver n'importe quelle fillette, mais pas Haley.

Plus les années passaient et plus mademoiselle devenait une sorte de rebelle. Quand tout les parents étaient convoqués pour des problèmes de travail ou de discipline, M. et Mme Fields, eux, allaient les instituteurs, puis les professeurs de leur fille, car elle n'allait pas vers les autres. Certes elle n'avait aucun problème avec les autres enfants, mais elle travaillait toujours seule. Oui, elle avait des notes excellentes, elle parlait très bien les langues étrangères enseignées à l'école, mais elle n'avait pas d'amies. Elle restait seule. La solitude lui plaisait. Elle aimait ça. Elle se fichait d'avoir des amies, ou non, ce qui importait pour elle était sa famille. Le reste n'avait aucune importance. Haley était comme ça. À la fin, du collège, ses parents décidèrent de l'envoyer à Miami en pensionnat dans un lycée, en espérant que la jeune femme deviendrait plus sociale, car c'est là-bas que sont censés être les personnes les plus sociales et les plus fêtardes de la côte. Mais Haley l'a plutôt mal prit. Elle pensait que ses parents voulaient se débarrasser d'elle, parce qu'ils ne la supportaient plus. Pourtant, elle ne voyait pas ou était le mal. Elle travaillait bien à l'école, elle les écoutait. Enfin comme une adolescente écoute ses parents. Alors que faisait-elle assisse sur ce lit, dans cet internat, à Miami ?